Antoine
Sanner
Homécourt 12 février 1923 – Lyon 24 Avril 1982
Antoine Sanner fut un artiste profondément doué, sa
situation actuelle demeure une énigme. Formé au dessin
industriel à Mulhouse, il passa l’année 1940,
à l’école des Beaux-Arts de Dijon avant de rejoindre
celle de Lyon, où il fit connaissance de Renée Bréchant
qu’il épousa en 1944. Il rencontra aussi de solides compagnons
de route : Pierre Doye et Jacques Truphémus. Dès sa
sortie de l’école, il fut accueilli au Salon du Sud-Est.
En 1948, il participa à une sorte de préfiguration embryonnaire
de l’exposition « Sanzisme » à la galerie
des Jacobins, chez Jean Gonon. En 1955, à Paris, il exposa
au Salon des Réalités Nouvelles qui présentait
des militants de l’art abstrait comme : Hans Hartung, Jean Dewasne,
Auguste Herbin. Antoine Sanner restitua d’abord, en osant des
coupes franches dans les perspectives, en tranchant dans son modèle
si l’harmonie de sa composition l’exigeait, le quotidien
de son époque : le dénuement des ouvriers dans les transports
publics, un quartier populaire sous la neige ou l’activité
paisible des habitués du pied humide près de la passerelle
du Palais de Justice. Il délaissa progressivement la figure,
pour se tourner vers l’abstraction, comme le démontra
sa participation à la première Biennale d’Art
Abstrait en 1958, hésitant entre le géométrique
et le lyrique. Après sa disparition prématurée,
le Salon du Sud-Est lui rendit hommage, en 1983. Pierre Doye, son
fidèle ami, déclara : « J’ai été
l’un des témoins les plus attentifs de l’une des
créations les plus originales de ces trente-cinq dernières
années dans notre région rhodanienne. » Je parlais
d’énigme. En effet, comment René Deroudille, grand
prêtre de l’Art abstrait, réussit-il à occulter
cette quête sincère de la modernité ? Cette peinture,
d’autres avec moi la célèbreront un jour, pour
la haute qualité de ses recherches et la pureté des
sentiments exprimés.

femme nue 1946