Genèse
de l’exposition « Sanzisme »
Une lettre de Jean Fusaro à Pierre Doye du 3 septembre 1948,
indique clairement leurs intentions : « Je pense surtout à
cette exposition de la chapelle qu’il faut absolument réaliser
et où je compte mettre quelques toiles importantes. (Plus loin).
Pour ma part, je ne vois que des avantages pour nous à condition
d’être inflexible avec ceux qui pourraient s’intercaler
parmi nous et qui nous conduiraient à la pagaille des salons
courants. C’est une exposition, il ne faut pas même que
cela devienne une banalité annuelle. (Notons l’actualité
de l’expression « c’est une exposition ».
En effet, la VIIe Biennale d’Art Contemporain reprend à
son compte cette notion, affirmant : « ce n’est pas une
simple biennale, c’est une exposition qui souhaite revenir sur
des questions fondamentales : quand on expose, qu’est ce qu’on
montre ? Ce qui est montré peut-il changer notre façon
de voir ? On constate donc la volonté profonde de Jean Fusaro
de ne pas entreprendre un banal accrochage mais d’offrir au
public une occasion de découvrir autre chose.) Je pense d’abord
à rester entre nous c’est-à-dire des jeunes. (
plus loin encore). Il ne faut pas essayer de s’attirer la bonne
grâce de tel ou tel. Nous faisons notre peinture pour essayer
de se rapprocher de la « vraie peinture ». Jugeons nous
sévèrement. Jouons franc jeu. La peinture ne permet
pas de faiblesses, à nous, d’abord par notre attitude
de ne pas lâcher d’une semelle. » Et Jean Fusaro
proposait une liste d’amis : Paul Clair, Pierre Doye, André
Cottavoz, Philibert-Charrin, Pierre Coquet, Françoise Juvin,
Antoine Sanner, Jacques Truphémus, James Bansac, tous anciens
condisciples de l’école des Beaux-Arts de Lyon. Ce groupe
sera complété par deux personnalités amies de
Philibert-Charrin et d’André Cottavoz, il s’agit
de Pierre Palué et d’André Laurent.
Jean Fusaro mettait en garde contre la répétition de
l’événement, d’ailleurs il refusera de participer
à sa réédition en 1950. Mais, le résultat
sera une formidable réussite avec ses deux mille quatre cent
vingt entrées payantes, pour une recette de soixante-deux mille
francs.
Chaque artiste s’était inscrit en versant 3000 F , somme
importante en ces temps de disette, certains ne purent l’acquitter,
et s’abstinrent, mais tous furent remboursés et empochèrent
même un petit bénéfice résultat de la diligente
gestion de Pierre Doye.
Après des années de sevrage, un public abondant assista
à la naissance d’un groupe qui se dispersa progressivement,
mais qui permit la révélation de nouveaux talents capables
de résister à l’érosion des modes et du
temp