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Existe t-il une école de peinture lyonnaise ? A-t-on vu des artistes, depuis la mort d’Antoine Berjon en 1843, produire des œuvres dignes d’intérêt dans Lyon et sa région ?
La réponse est claire. On doit la décliner en deux parties. Oui ! Il y eut une école, au moins depuis le XVIIIe siècle, avec des maîtres et des élèves. On formait là, essentiellement les futurs employés des fabriques de soieries. De cette structure, subsiste notre actuelle école des Beaux-Arts qui a évolué dans sa vocation pédagogique, vers d’autres horizons.
Ensuite, seconde partie de la réponse, avec le retour de Joseph Guichard , en Juillet 1862, où il est nommé professeur à l’école des Beaux-Arts, on assiste à l’installation dans Lyon, de l’influence d’Ingres et de Delacroix, avec en témoignage de cette évolution artistique « le Rêve d’amour » de Joseph Guichard conservé au musée des Beaux-Arts. Cette présence amena dans notre ville, la réplique de cette révolution picturale qui fera dire à Paris, par Charles Baudelaire à Edouard Manet « Vous êtes le premier dans la décadence de votre art. ».
On constate là une tendance qui se répétera dans le temps, et au fil des divers mouvements qui animeront l’Histoire de l’Art. Les coloristes et Auguste Ravier, Louis Carrand, et François Vernay seront comparés aux Impressionnistes et aux Nabis pour ce dernier. Mais en fait, la situation était un peu plus complexe. Et, si nous prenons l’exemple d’Auguste Ravier ou de Louis Carrand, il s’agit bien de peinture de plein air, mais à mon avis pas d’Impressionnisme. Car, la couleur ne se donne pas le premier rôle dans la naissance de la forme. Au contraire, elle se fond dans le tableau pour servir le sujet, et, lorsque l’émotion paraît, chez Carrand notamment, pour lequel on a parlé d’une peinture pleine de sanglots, la couleur se fait description de la charge émotionnelle déposée par l’artiste. Dans le cas de Carrand, parlons de génie, pour ses compositions où le paysage semble noyé derrière un voile de larmes. Peut-être, celles générées par l’indifférence des acheteurs à son égard. L’influence de l’école de Paris n’enferme pas les artistes vivants à Lyon dans les grands courants, car ils portent en eux suffisamment d’expérience, et de personnalité pour développer une œuvre originale.
Le phénomène se reproduira au début du XXe siècle avec les Ziniars qui amenèrent par l’intermédiaire de Georges Albert Tresch, d’Adrien Bas et d’Etienne Morillon la marque de Cézanne et de Derain, et ainsi, l’indispensable confrontation avec la modernité. On prenait beaucoup le train pour Paris à cette époque (6 à 8 heures de trajet) pour s’imprégner du climat des expositions événementielles. Mais, une fois rentré chez soi, on ne recopiait pas bêtement ce qu’on avait vu, surtout lorsqu’on était, comme Etienne-Morillon, confronté chaque jour par son emploi, à l’avant-garde, dans la plus moderne des galeries parisiennes installées à Lyon (galerie Saint-Pierre Alfred Poyet), mais au contraire, on cherchait assidûment d’autres voies, d’autres résultats avec ses moyens personnels. Et, c’est ainsi qu’Etienne Morillon développera tout un ensemble de recherches, avec pour élément central, la table familiale qui, déplacée, réorientée offrait parfois un climat proche de celui du Cubisme de Braque et lyonnais : « Mais Lyon, si beau avec ses crépuscules d’argent, ses collines et ses fleuves, a maintenu au fond de leurs âmes le goût des belles extériorités. Malgré leur feint rigorisme ils en sont obsédés. Ils n’ont jamais omis, même au sein des paradoxales « intentions », de nous donner les joies plastiques que notre œil est en droit d’exiger. »